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Les lectures de Naolou
12 avril 2011

Dans la nuit brune

51HLw_Nd05L__SL200Dans la nuit brune - Agnès Desarthe
Editions de l'Olivier
2010, 210 pages
18 €

"Interdiction de se souvenir, scande Jérôme, comme s'il lisait cette formule sur le mur de la cuisine, et, soudain, il ne sait pourquoi, il éprouve le soulagement de celui qui s'est concocté une devise. Interdiction de se souvenir de ce qui blesse, de ce qui gêne. Car si on s'en souvient, on y pense, on en parle, on pose des questions et ça revient, ça rôde, comme un spectre."

Résumé

Jérôme se satisfait de sa petite vie sans histoires. Cinquante ans, divorcé, agent immobilier, il vit avec Marina, sa fille adolescente. Mais l'amoureux de Marina vient de mourir, victime d'un accident de moto. La jeune fille est dévastée, et Jérôme, qui se voyait en père jusqu'ici plutôt efficace, se trouve complètement désemparé devant l'ampleur de ce chagrin. Le désordre s'installe peu à peu dans sa vie. Soudain Jérôme se met à penser à tout ce qui fait sa vie, ou son absence de vie : un boulot ennuyeux, un mariage sans passion, et bien avant ça, sa drôle d'enfance. Il est un enfant trouvé par ses parents adoptifs alors qu'il errait dans la forêt. Il ne sait rien de ses premières années ni de ses origines, et se trouve forcé d'admettre qu'il ne sait pas grand chose de plus de la personne qu'il est devenu aujourd'hui.

Mon avis

Je n'ai fait qu'une bouchée de ce petit livre, et il m'a tellement plu que je me trouve bien embêtée au moment de rédiger ce billet. Voilà un livre que j'ai lu stylo en main, et que j'aurais griffonné en long en large et en travers s'il m'avait appartenu. Chacune de ses phrases ou presque est un petit bijou de justesse, de vérité et d'émotion. La plume d'Agnès Desarthe est sinueuse, un peu désordonnée, très intuitive, à l'image des flots de pensées qui assaillent son personnage, lequel se met d'ailleurs à vivre carnet et crayon à la main pour noter ce qui lui passe par la tête. Les phrases sont longues et comprennent souvent plusieurs idées entre la majuscule et le point. On a l'impression d'une suite de petits riens : petites pensées, petits souvenirs, petites émotions, petites impressions, qui forment pourtant un tout plein de sens.

L'intrigue est pareille : une sucession de petits riens qui, une fois le livre terminé, devient un tout très cohérent. C'est souvent triste, mais la fin est pleine d'espoir. J'ai parfois eu l'impression d'être dans un conte de fées, même si je me demande un peu à quoi ça tient : les personnages secondaires énigmatiques, qui semblent tous avoir un rôle bien précis à jouer dans le destin des personnages ? l'omniprésence de la nuit, de la forêt, de la terre, du vent ? Je n'en sais trop rien, mais l'atmosphère est très particulière, symbolique, empreinte de la magie des contes.

Bref, un très très beau livre, qui me laisse toute retournée, la gorge serrée, et me donne envie de découvrir d'autres écrits d'Agnès Desarthe.

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Commentaires
N
Oui, mais plutôt cet été si ça te va, parce que je le présente début mai au club de lecture :)
J
Tu me le prêtes?
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